En vélo à Majorque et à Barcelone

 

Voici la suite de mon voyage de cyclotourisme en Europe, à l’automne 2019.

Vous trouverez la première partie ici.

Je suis arrivé à Barcelone le 30 octobre. C’est une ville intéressante à explorer à vélo. Elle possède un dense réseau de bandes et pistes cyclables qui rend les déplacements faciles et sécuritaires. En tant que cycliste, je me suis senti respecté. Un exemple? Ce supermarché Lidl, près du port, où on peut stationner notre vélo À L’INTÉRIEUR.

Wow.

stationnement vélo Lidl
La capitale de la Catalogne possède également un beau port. J’ai bien aimé l’explorer un peu avant de monter à bord du traversier à destination d’Alcudia, à Majorque.

port Barcelone

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Arrivé  très tôt sur l’île (4h20), je découvre une ville endormie mais magnifique. La Porta del Moll, par exemple, est impressionnante et majestueuse.

Porta_del_moll

Alors que le soleil se lève, je descend vers le sud. Je savais que Majorque est une destination cycliste d’importance. Mais je ne savais pas à quel point! La route MA-12 est bordée de nombreux magasins qui louent et vendent des vélos.

Je trouve une grande carte de l’île juste à côté. Bel aperçu des possibilités de randonnées! Pour ceux que ça intrigue, « Eingang » signifie « Entrée » en allemand. C’est dire à quel point les germanophones sont nombreux dans ce coin de la Méditerranée.

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Vers le milieu de la journée, me voilà déjà rendu à peu près au centre de l’île. Cette dernière n’est pas très grande, c’est évident. Elle recèle néanmoins plusieurs belles surprises. Comme ce vélodrome, à Sineu.

La culture cycliste est bien implantée. À tel point que ce restaurant utilise un « grand-bi » comme décoration. Sympa.

Je termine cette première journée chez un hôte du réseau Warmshowers, Pau Oliver. Il vit dans la campagne avec sa femme, Chris, et leur fils. Petite maison toute simple qui n’est pas connectée au réseaux d’eau et d’électricité. Production solaire et puits suffisent. En soirée, j’apprends quelques mots de Catalan grâce à Chris qui a déjà étudié le français à l’école. Elle joue à l’interprète pour son conjoint et moi.

Le lendemain matin, juste avant mon départ, toute la famille (parents de Chris inclus) prend la pose. Quelle belle famille et quel privilège d’avoir pu les rencontrer!

Pau family

Ce soir-là, je n’avais prévu aucun hébergement « normal » (camping, hôtel, etc.). Je comptais trouver un « spot » à la campagne où planter ma tente . Bivouaquer, comme ils disent en France.

Mission difficile. À peu près tous les terrains sont privés.

Mais j’ai réussi en m’installant dans un chantier de construction abandonné. Je l’ai trouvé un peu à l’est de Manacor, la deuxième plus grande ville de Majorque (après Palma).

Avez-vous déjà essayé de planter des piquets dans le béton? Bonne chance! Heureusement que le vent était faible. L’endroit était tranquille, à part les aboiements de quelques chiens des environs.

Évidemment, le climat de la région n’a rien à voir avec celui du Québec. Ce cactus de grande taille en est une preuve éclatante. Climat méditerranéen = flore adaptée.

Comme moi, quelques-uns de mes collègues de Backroads ont voulu couronner leur séjour en Europe par des vacances au soleil. Ils ont loué une maison à Son Serra de Marina, sur la côte est. Je l’ai appris (j’ai mes sources!) et je me suit joint à eux. J’ai passé deux nuits à cet endroit avant de reprendre la route, cette fois pour Porreres.

C’est dans cette petite ville du centre de l’île que j’ai vu une belle murale, juste à côté de l’auditorium municipal. Remarquez le bas de la rampe, en forme de volute de violon. 🙂

Arrivé trop tôt chez Eusebio, mon hôte Warmshowers local, j’ai du temps libre. Une colline, à faible distance, attire mon regard. À son somment trône le sanctuaire Monti-Sion. Je roule en sa direction en me disant: « Je pourrais essayer de grimper là-haut avant le crépuscule ». Chargé comme un mulet, j’ai néanmoins apprécié l’expérience. Ce fût un des moments marquants de mon passage sur l’île.

Quelle vue de là-haut!

Monti-Sion

Après une nuit à Porreres, retour à Son Serra de Marina, à la maison louée par mes collègues. Un petit dodo et direction nord pour une visite, quasi-obligée, à Formentor. Une Mecque du cyclisme sur route, à en croire le nombre de compagnons sur deux roues rencontrés en ce début de novembre!

En route, je fais halte à Port de Pollença. Comme le dit un bel euphémisme Made in Québec: c’est pas laid du tout! Pour ne rien gâcher, une magnifique piste cyclable longe la plage. Le bonheur.

 

La péninsule de Formentor, vue depuis le Talaia d’ Albercutx.

Le Talaia en question est une tour d’observation datant de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle. Elle faisait partie d’un réseau de tours communiquant entre elles par signaux de fumée ou lumineux (feu). Leur but était d’informer Palma, dans l’ouest de l’île, de toute attaque de corsaire. Ça vous fait penser à une scène du Seigneur des Anneaux? Moi aussi. Est-ce que Tolkien le savait avant d’écrire son chef d’oeuvre? Aucune idée.

C’est beau, là-haut, mais venteux et pas très chaud! Après 2-3 heures un peu frisquettes, je rebrousse chemin et vais explorer Pollença. Où je trouve, oh joie!, un pont romain. Après avoir observé un aqueduc romain dans la vallée de la Loire et le pont du Gard (aussi d’origine romaine) près d’Avignon, je développe une passion pour les infrastructures de ce grand empire.

Quelques jours avant la fin de mon séjour majorquin, je quitte la côte est pour de bon. Je roule jusqu’à Manacor, terminus ferroviaire, pour prendre le train. Destination? Santa Maria del Cami, un peu à l’est de Palma. Mon but est d’explorer cette zone et, surtout, de flirter avec les montagnes.

J’y goûte assez solidement en grimpant vers le Monastère de Lluc. Routes en lacets et vues époustouflantes se succèdent. Heureusement pour moi, il y a quelques bons endroits pour s’arrêter et reprendre son souffle.

Vous aimez les virages en épingle? Vous êtes servi, ici!

La route entre Caimari et Lluc est une des plus belles que j’aie pu voir.

Après mon séjour de 10 jours sur l’île, je suis retourné à Barcelone pour quelques jours avant de retourner à la maison. J’ai vu de bien belles choses, mais n’étant pas un grand amateur de villes populeuses, je n’ai pris que quelques photos, dont celle ci-haut, un peu à l’ouest du parc de Montjuïc et des installations olympiques.

En conclusion, voici les principaux avantages et inconvénients de Majorque (à mon humble avis de néophyte):

Avantages

Au début novembre, les routes sont assez tranquilles, en général. Surtout, elles sont de très bonne qualité. L’absence de gel sur l’ensemble du territoire explique sûrement une bonne partie de ce constat.

Les cyclistes sont les bienvenus. En témoigne la pléthore de magasins de vélos offrant de la location de montures, entre autres. Plus largement, on se sent en sécurité sur les routes.

Il y a une belle diversité de paysages et de défis cyclistes. Plaine, vallées, montagnes: on y trouve de tout, pour tous les goûts.

Le réseau ferroviaire donne accès à la plupart des secteurs de l’île à un coût raisonnable. Il est facile de voyager avec votre vélo en train. Évitez cependant les heures de pointe si vous voulez maximiser vos chances de monter à bord!

L’horaire du traversier (départ de Barcelone vers 22h, arrivée à Alcudia tôt le matin) permet de ne pas perdre une journée en déplacement. En choisissant de payer un peu plus pour un fauteuil inclinable confortable, il est possible de dormir quelques heures et d’arriver en assez bonne forme.

Inconvénients

L’horaire du traversier entre Barcelone et Alcudia a aussi sa contrepartie. Arriver à 4h20, ce n’est pas idéal. Il n’y a pas grand chose à faire en ville à cette heure-là, on ne voit pas grand chose et aucun commerce n’est ouvert.

Le fait de rouler sur une île de dimension modeste a pour effet de rendre les journées venteuses… très venteuses parfois. J’ai principalement souvenir de mon escapade à Formentor et des vents en bourrasque que j’ai affrontés. Vous êtes sensibles au vertige? C’est un « pensez-y bien »!

Barrière linguistique: vous avez des rudiments en espagnol et pensez que cela devrait suffire à Majorque? C’est plus ou moins vrai. La langue locale, c’est le Majorquin, qui est en fait le catalan parlé à Majorque. Les résidents comprennent le castillan (l’espagnol), mais j’ai eu l’impression que la volonté d’indépendance de la majorité de la population fait en sorte que cette langue n’est pas vraiment la bienvenue… Je vous suggère d’apprendre quelques formules de base, en catalan, afin de respecter les personnes que vous rencontrerez.

Globalement, j’ai adoré mon expérience à Majorque. La fin d’octobre et le début de novembre me semblent de très bonnes périodes pour visiter cette perle de la Méditerranée: peu de visiteurs, climat doux sans être trop frais.